QATAR | Voici le parcours d’un antillais à Doha au Qatar. Celui de Cédric, originaire de Guadeloupe. Il y a vécu 2 ans pour finalement partir en Italie où il s’est installé depuis quelques mois. Sa vie est faîte de voyages. Et pour cause, il travaille sur des yachts ! Comme lui, rejoignez la communauté Caribexpat en vous géolocalisant au Qatar, en Italie où dans les 200 villes du monde où nous retrouver !

© Cédric
Nous sommes peu nombreux dans la région. Qu’est-ce-qui peut bien amener un antillais à Doha ?
J’ai passé mon premier diplôme de Chef Mécanicien de la marine en Guadeloupe puis je suis parti à Nantes pour passer le brevet supérieur. Au moment de choisir mon embarquement afin de valider mon année, j’ai fait le choix du yachting. Je ne connaissais pas ce milieu, cela m’a plu et j’ai pu me constituer un réseau grâce au capitaine du premier yacht sur lequel j’ai navigué. Après l’obtention de mon diplôme j’ai été élève mécanicien pendant deux ans. Puis en 2011, j’ai eu la responsabilité de mon premier yacht en tant que Chef Mécanicien. En 2012, j’ai été contacté par un capitaine qui m’avait été présenté lors de mon premier embarquement, je suis parti au Qatar afin d’embarquer en tant que Chef Mécanicien d’un yacht de 50 mètres. Il s’agissait d’effectuer une « expertise technique » de tout le navire, le préparer à naviguer et le ramener en Italie afin d’y effectuer des travaux de garanties au chantier où il a été conçu et construit, puis le baser en France sur la Côte d’Azur. Les plans du propriétaire ayant changé, je suis finalement resté sur place et nous avons fait faire les travaux de garantie à Doha où j’ai donc vécu pendant 2 ans.

© Cédric
Comment se déroule ta journée de travail type sur un yacht ?
Tout d’abord, en tant que Chef Mécanicien embarqué spécialisé dans les yachts de petite, moyenne ou grande envergure, je ne suis pas limité en terme de taille mais en terme de puissance. En gros je peux exercer sur tous les yachts du monde qu’elle qu’en soit leur taille. Le plus grand mesure 180 mètres. Ce qui change, ce sera le poste que j’occuperais à bord en fonction de la puissance du navire. Depuis quelques mois, je suis en Italie, pas très loin de Pise. Je supervise la construction d’un Super Yacht de 50 mètres pour un propriétaire. Une fois construit et livré, je serai le Chef Mécanicien à bord. C’est très instructif car on se retrouve de l’autre côté du décor. On ne s’ennuie pas car il faut avoir un œil sur chaque corps de métier intervenant dans les étapes de construction : menuiserie, mécanique, l’électricité, plomberie… Chaque décision, chaque matériau, ou erreur durant la construction impactera directement le bon fonctionnement du navire. Le but final étant la satisfaction du propriétaire et le moins de dysfonctionnements pour moi qui serai le mécanicien à bord bien sûr ! (rires). Ensuite, lorsque le propriétaire (ou le client qui a loué le bateau) est à bord, chaque journée est différente. Tout dépend de ce qu’il a envie de faire et du lieu où il veut aller. A bord, j’ai la responsabilité du bon fonctionnement de l’ensemble des installations techniques (mécanique, électrique, informatique, hifi, vidéo, etc…). J’ai un contrat de travail par bateau qui peut être sous forme de CDD ou d’un CDI formalisé auprès des sociétés gérées par les propriétaires.

© Cédric
Revenons un peu dans les Emirats. En tant qu’ antillais à Doha le changement a vraiment dû te marquer, non ?
Ma première impression : « Il fait très chaud ! » et très humide. Je suis arrivé en pleine nuit au mois de juillet et il faisait 40°. J’étais logé par le propriétaire dans un hôtel magnifique et le lendemain la vue splendide sur Doha m’a vraiment époustouflé, en particulier l’architecture singulière à chaque building. C’est très impressionnant ! En terme de différences culturelles, il y a une chose qui m’a vraiment marqué : l’approche que les Qataris ont par rapport à la religion. Cela n’a rien à voir avec le fanatisme que l’on peut voir dans les médias ou dans certains pays musulmans; Toutefois ils y sont très attachés et s’en servent vraiment comme référence. Les heures de prière sont respectées à la lettre et toute activité est stoppée pour s’y consacrer.

Yacht sur lequel travail Cédric actuellement. © Cédric
Est-ce qu’il t’es arrivé de rencontrer un guyanais ou un antillais à Doha ?
Non et ça m’a manqué de pouvoir partager cette expérience en même temps qu’un compatriote. J’ai rencontré beaucoup de gens néanmoins et de tous horizons car il est très facile de faire connaissance. Les gens se mélangent donc je me suis lié d’amitié aussi bien avec des Qataris, des Français, des Africains, des Libanais, des Cubains et j’en passe…
Qu’est-ce qui te manque le plus de la Guadeloupe ?
La famille et les amis bien sûr cela va de soi, mais du patrimoine de la Guadeloupe même je dirais le Carnaval ! Ça me manque énormément de jouer de la contrebasse avec Akiyo! (rires) Les journées farniente à l’ilet Caret aussi avec la famille et les amis. J’essaie de garder le contact avec eux le plus possible via Internet. Je voyage beaucoup grâce à mon métier mais les aspects culturels et gastronomiques de la mon île me manquent beaucoup.

Yacht sur lequel travail Cédric actuellement. © Cédric
Est-ce qu’il y a une chose que tu souhaiterais apporter en Guadeloupe en provenance de Doha ?
Au niveau professionnel, j’essaie de faire la promotion de la Guadeloupe (à mon petit niveau, bien sûr) en parlant aux propriétaires et aux équipages de yachts dont je suis suffisamment proche. Le monde est vaste et j’essaie de les inciter à y aller pour venir voir ce que nous avons chez nous car nous avons de belles choses à voir et à faire. Je connais certains membres d’équipage de certains yachts qui sont parfois de passage et qui m’appellent spontanément pour me demander si je suis dans le coin, ou sinon à quel endroit ils peuvent aller prendre un verre, se promener, ou dîner. Sur un plan personnel, j’aimerais que nous fassions preuve de simplicité et d’authenticité dans notre comportement de manière générale en sachant être nous-même et avoir confiance en nous et en ce que nous faisons, sans essayer de copier nos voisins qui eux ont leur propre identité. Nous avons des autos entrepreneurs, des artistes, etc… fabuleux qui font des choses pour faire avancer le “Péyi” et qui sont dans l’ombre. “Travay-la ka fêt an silans…”
Où te vois-tu vivre après Doha et l’Italie ?
Sans hésiter je me vois bien vivre à Dubaï, ville impressionnante et grandiose où la diversité culturelle est très importante. J’ai eu la chance d’y aller quand je vivais à Doha car c’est à environ 1h de vol. Depuis je considère toujours cette ville comme une sorte de parc d’attraction géant où il y a beaucoup de choses à faire et à voir entre les soirées, les parc à thèmes, etc…
Les 10 conseils de Cédric, antillais à Doha
1 – Venir à Doha
Doha est desservie par la compagnie Qatar Airways, mais aussi Emirates (avec escale à Dubaï). Une fois à l’aéroport il faut acheter un visa touriste qui coûte environ 20€, si on a pas effectué les formalités au préalable. Une fois sortie de l’aéroport, je conseille de prendre les taxi, de couleur bleu et mauve, appartenant au gouvernement pour éviter les mauvaises surprises.
2 – Maîtriser la langue du pays
Je comprends et parle quelques mots d’arabe mais la langue principale est l’anglais étant celle du milieu des affaires. Je parle en revanche l’italien que j’apprends sur le tas. En général les Qataris parlent arabe mais aussi anglais entre eux mais vont s’exprimer en arabe d’une manière générale.
3 – Se déplacer
Le taxi n’est pas cher du tout mais je recommande de demander expressément au chauffeur de mettre le compteur en route afin de payer le prix juste. A Doha l’insécurité n’existe quasiment pas.
4 – Se loger
Je recommande Expat.com ou encore Vivreauqatar.com. D’une manière générale les loyers sont chers mais ceux-ci peuvent être pris en charge par l’employeur ou ce dernier verse une contribution. Cela reste négociable. En terme de localisation, il faut éviter le centre-ville qui est hors de prix et embouteillé aux heures de pointes. Je conseille les Zig Zag Towers, moins chères et bien placées, ou encore les quartiers de West Bay, Al Sadd ou Pearl.

Bar Strata. © Facebook de l’hôtel Intercontinental City Center de Doha.
5 – Trouver un emploi
Au Qatar, on arrive avec le visa touristique renouvelable une fois, il faut alors sortir du pays et revenir. Vous devrez payer 100 QR (soit environ 20 euros) par passeport pour le visa. Cette somme sera payée par carte bancaire à l’aéroport. Pour le visa de travail il faut un sponsor Qatari qui peut être un associé qui sera majoritaire dans l’entreprise ou quelqu’un pour qui l’on travaille. Pour sortir du pays il faut l’accord du sponsor. Quand j’avais besoin de partir, la société pour laquelle je travaillais tamponnait mon visa de sortie et je pouvais partir, mais il faut surtout bien s’entendre avec son sponsor et ne pas avoir de litige. La maîtrise de l’anglais est impérative et l’arabe est bien sûr un plus. Je recommande de postuler via internet. Les secteurs recrutant à tours de bras sont l’hôtellerie et la restauration avec la présence de grandes chaînes d’hôtel internationaux (ex : Movenpick, Marriott, Hilton, Ritz Carlton etc..). Il ne faut pas hésiter à les appeler directement et envoyer sa candidature. Les Français ont leur chance car les Qataris sont friands de culture occidentale et l’insertion dans le marché du travail est facilitée si on peut apporter quelque chose au pays.
6 – Aller au restaurant
Doha propose une grande diversité gastronomique car toutes les cuisines du monde sont représentées mais la meilleure pour moi est la cuisine locale. Je conseille le Souk Wakif pour manger correctement et pas cher. En revanche il ne faut parfois pas être regardant sur les endroits où l’on va se restaurer car on peut se retrouver dans la rue en face d’une assiette en plastique sans ustensiles, mais la cuisine est vraiment excellente ! Je conseille également d’aller manger dans une famille Qatarie si vous en avez la chance. En terme de cuisine locale, ça vaut mieux que n’importe quel restaurant.
7 – Sortir
Côté vie nocturne, Doha possède de nombreux bars, boîtes de nuits sur des toits de buildings avec des vues impressionnantes. Je recommande le bar la Strata au 55ème étage de l’hôtel Intercontinental City Center (car il y en a deux à Doha), Je vous laisse imaginer la vue de nuit ! Je conseille le Trader Vic’s de l’hôtel Hilton. Il y a également un club de salsa-bachata-kizomba, et le bar du Marriott du centre-ville, hôtel auquel on peut avoir accès à toutes les animations en payant son entrée. Je recommande aussi le Sharq Village qui est un hôtel avec restaurant et piscine. On peut également participer ou assister aux courses sur circuit de voitures et motos la nuit organisées pour les particuliers par le Qatar Racing Club moyennant une adhésion annuelle. Bien sûr, Les tours de chameaux sont à faire !
8 – Événements importants
• 3 Septembre : jour de l’indépendance
• 18 Décembre : fête nationale du Qatar.
Ces deux jours, tout le monde fait la fête et les rues sont bondées. Je conseille d’ailleurs d’éviter de sortir en voiture, car la circulation est particulièrement difficile. Le reste de l’année, il y a bien sûr toutes sortes d’événements organisés comme des matchs de football amicaux entre de grosses équipes, les championnats de courses de bateaux offshores etc..
9 – Visiter
Je recommande d’aller au souk car on peut y rencontrer les Qataris authentiques. Le musée islamique situé en bord de mer est à visiter. En termes d’activités, je conseille vivement de : faire du quad et vivre un coucher de soleil dans le désert à Mesaieed; passer une nuit dans une tente dans le désert ; plonger avec des requins-baleines ; faire du kitesurf dans un club tenu par des Français; faire une promenade au Katara Art Center non loin des Zig Zag towers ; et enfin se balader à Pearl Marina ou encore le long de la corniche.
10 – Faire du shopping
Le shopping est presque une institution là bas ! On y trouve des centres commerciaux immenses, comme le Laguna Mall aux des Zig Zag Towers, le City Center, avec accès direct aux hôtels Mariott et Renaissance où on trouve également de bons restaurants. Pour moi, le meilleur Centre Commercial de Doha est le Villagio. Vous vous baladerez sur les répliques parfaites des rives de Venise. En plus des magasins de grandes marques, vous pourrez vous offrir une balade en gondole au sein même du centre commercial, si je devais en recommander un, ce serait celui là.
Rédaction : Cédric Narbonnais pour Caribexpat.com
Crédits photos : Cédric (photo portrait), page Facebook de l’InterContinental City Center de Doha (bar Strata) et Musée de l’art islamique (une).