Retrouvez les interviews de membres Caribexpats tous les jours à 12h30 en partenariat avec la radio RCI dans l’émission “Les Antillais dans le Monde”.
Aujourd’hui c’est Fanny, martiniquaise à Antananarivo à Madagascar qui vous raconte son aventure.
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Partie 1 – Interview de Fanny martiniquaise à Antananarivo (Madagascar)

Bonjour Fanny, vous êtes originaire de Fort de France et vous vivez à Madagascar depuis 3 ans. Qu’est ce qui vous a amené sur cette île lointaine ?

J’étais au Costa Rica pour un stage de fin d’études et je suis rentrée en Martinique parce que je cherchais du travail. Je ne voulais pas rester dans l’hexagone. J’ai fait mes études dans l’ingénierie de l’environnement et je cherchais un emploi dans cette branche. J’ai un peu cherché en Martinique mais j’avais vraiment envie de repartir parce que j’avais déjà beaucoup voyagé pendant mes études. Je suis tombée sur le VIE, le Volontariat International en Entreprise. Il y a beaucoup de jeunes qui font cette expérience.

C’était les anciens VAT, Volontariat à l’Aide Technique ?

C’est à peu près pareil. Il faut postuler, il y a des offres sur internet, c’est un portail ouvert à tous. Je cherchais essentiellement dans l’eau et j’ai trouvé cette offre à Madagascar pour une VIE dans une société qui s’appelait Domo. Après plusieurs étapes de sélections, entretiens Skype…j’ai été retenue et en 2 semaines, j’ai dû faire mes valises, dire au revoir à la famille et mon copain et partir pour Madagascar. Avant, j’ai quand même été à la Réunion pendant un mois pour rencontrer toute l’équipe parce que le siège se situait là bas. Et après, je suis partie à Madagascar, à la grande découverte toute seule mais c’était cool.

Vous connaissiez Madagascar auparavant ?

Oui je connaissais un petit peu parce que ma mère avait une amie malgache en Martinique. Je regardais aussi des reportages et je me disais que c’était tellement loin et que je ne pourrais jamais y aller. J’avais toujours un peu de fascination, mais jamais je ne me suis dit que j’irai à Madagascar un jour. Quand j’ai dis à mes parents que je partais à Madagascar, ils m’ont dit : “tu n’aurais pas pu trouver plus près ?” Ils ont vite accepté, et après c’était vraiment l’inconnu, la nouveauté. Ce n’était pas du tout pareil, c’est une nouvelle langue, c’est très loin, c’est une île immense, c’est vraiment très différent.

Vous étiez partie pour un contrat d’un an et finalement ça fait trois ans, ça veut dire qu’on vous a gardé ?

J’ai fait un an et demi dans ma première boîte, dans le traitement des eaux industrielles. Ensuite j’ai aspiré à autre chose, car ça ne me convenait pas. J’ai cherché du travail sur place car grâce à ce boulot, j’ai fait pas mal de connaissances. Et puis, j’ai aussi rencontré mon amoureux qui est un Malgache. Cela aidait aussi à rester dans le pays. Je n’avais pas forcément envie de rentrer en France ou en Martinique. J’ai trouvé très facilement à ma grande surprise. J’ai rencontré quelqu’un qui dirigeait un groupe là bas et qui m’a proposé un emploi très rapidement. J’ai enchaîné très rapidement dans mon nouvel emploi. Maintenant ça va faire bientôt trois ans et demi que je suis là bas.

Finalement votre vie professionnelle a vraiment commencé à Madagascar ?

Exactement, çà a été mon premier travail juste après les études, donc c’était un peu le challenge. Ce n’était pas du tout facile parce que le premier travail était un peu compliqué, donc ça n’a pas toujours été rose. Mais maintenant, je travaille dans un domaine totalement différent, celui de l’immobilier et ça se passe très bien, les missions sont très différentes et ça me plait. C’est un nouveau challenge.

Vous parlez le malgache bien sûr mais à Madagascar on peut quand même se débrouiller en français ?

Oui à Madagascar on peut se débrouiller en français surtout à Antananarivo et les grandes villes. En dehors de çà c’est plus compliqué. Les personnes âgées parlent un peu le français par rapport à la colonisation. Mais la plupart des Malgaches parlent malgache au quotidien. Donc, j’ai appris un petit peu le malgache, je baragouine du malgacho-français, mais je m’en sors !

La langue est aussi compliquée que les noms de familles malgaches ?

Ah oui, la langue est exactement comme les noms de familles. Elle n’est pas simple du tout, elle n’est parlée qu’à Madagascar, et elle ne ressemble à aucune autre. Peut être à l’Indonésien un petit peu. Il n’y a pas beaucoup de gens qui parlent indonésien. Ce n’est pas facile, pour apprendre, il faut s’accrocher.

Partie 2 – Interview de Fanny martiniquaise à Antananarivo (Madagascar)

Lorsqu’on vient d’une île comme la Martinique, c’est plus facile de s’installer à Madagascar que lorsqu’on est sur un continent ?

Je ne pense pas que ça soit un avantage parce que Madagascar est une île continent. C’est quasiment aussi grand que la France hexagonale en superficie. Je vis à Antananarivo ou” Tana”, c’est la capitale. C’est au centre du pays, à 1300 mètres d’altitude environ, dans des montagnes, on a un hiver qui est quand même froid, en dessous de 10 degrés tous les soirs et le matin. Donc, ce n’est pas du tout pareil que les Antilles. Sauf sur les côtes, où ça ressemble beaucoup à chez nous. les gens sont très ouverts, il y a les plages, c’est plus sympa. Mais Tana, c’est très différent. C’est vraiment un mélange Asiatique, Africain avec des ascendances indonésiennes. Après, on s’adapte !

Vous connaissez d’autres Martiniquais à Antananarivo ?

J’avais un voisin Martiniquais à Antananarivo comme par hasard quand je suis arrivée ! Et puis j’ai aussi rencontré une martiniquaise qui travaille à l’ambassade de France.  J’ai aussi rencontré, un guadeloupéen. Mais on n’est pas très nombreux.

Est ce qu’il y a beaucoup d’expatriés à Madagascar ?

Oui et de beaucoup de pays différents de par les Nations Unies et les ONG. Il y a beaucoup d’américains, d’Anglais et de Français bien sûr. Donc on a quand même une très grosse communauté expatriée qui est présente dans tout le pays.

Comment s’organise la vie ? Vous dites que vous n’êtes pas au bord de la mer, donc parfois vous vous offrez des petits week-ends sur le littoral ?

Oui, lorsqu’on est à Tana on aspire tout le temps à partir un week-end. Tana est une très belle ville mais assez oppressante, il y a beaucoup de monde, de voitures, c’est polluée. Donc on a très vite envie d’aller dans la nature ou au lac. Le week-end, on essaye de s’échapper, on remonte les montagnes, puisqu’il n’y a pas besoin d’aller très loin pour être au milieu de nulle part.

Il paraît qu’il y a une faune et une flore totalement exceptionnelles à Madagascar ?

Effectivement, Madagascar est un pays exceptionnel. Quand je suis arrivée, je me disais que la Martinique était la plus belle île. C’est vrai que notre Martinique est très belle mais Madagascar est exceptionnelle par sa diversité. C’est une île où on retrouve énormément de paysages et d’animaux différents. Pas forcément de gros animaux comme en Afrique. On peut penser qu’à Madagascar il y a des zèbres mais il n’y en a pas. Il y a une diversité de lémuriens, caméléons, baleines, dauphins et les fonds marins sont exceptionnels. Quand on part en week-end on est totalement dépaysé comme si on avait fait cinq heures d’avion.

Il y a quelques années, il y avait eu une situation politique compliquée. Aujourd’hui c’est plus stable ?

Oui. Il y a de temps en temps quelques tensions et manifestations mais rien de très grave. On sent quand même une petite tension latente entre les partis politiques mais plus comme avant. On ne se sent pas en danger dans la vie de tous les jours, après çà peut arriver que quelqu’un veuille faire éclater quelque chose ou semer la pagaille mais comme ça peut arriver ailleurs. En ce moment, on se sent bien globalement. Les élections 2018 arrivent, donc on ne sait pas ce qui nous attend.

En dehors de ces moments-là, Madagascar reste une île oubliée, on a l’impression qu’on en parle peu.

On en parle peu effectivement dans le monde, sinon on voit souvent des reportages à la télévision parce que c’est une île très belle. Mais il y a peu de touristes, dans tous les cas pas de tourisme de masse comme on peut retrouver dans d’autres pays. Ce qui n’est pas plus mal, puisque le pays garde son authenticité et sa beauté. Il y a encore des endroits vierges. On peut se retrouver seul dans un parc national en haute saison. Donc ce n’est pas forcément bénéfique pour les locaux. Mais c’est encore un pays qui mérite d’être connu parce qu’il est vraiment exceptionnel.

Vous n’êtes pas prête de revenir en Martinique ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour, ma vie est à Madagascar. Pour l’instant on va y rester avec mon chéri. Après on n’a jamais exclu de revenir en Martinique. C’est mon pays, c’est la mère patrie. On vient de passer trois semaines de vacances, c’est le bonheur. Donc on espère peut être venir habiter en Martinique pendant un moment. On voit où le vent nous mène.

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