ROYAUME-UNI | Le 23 juin, les anglais votaient en faveur du départ de la Grande Bretagne de l’Union Européenne. Le 17 juillet, le Ministre du gouvernement britannique Liam Fox annonçait une sortie effective du Royaume-Uni de l’UE en janvier 2019.
Un mois après, le temps de “digérer le choc” si l’on puis dire, Caribexpat.com a pris le pouls au sein de la communauté des Guyanais et Antillais au Royaume-Uni. Entrepreneurs ou salariés, ils sont partagés sur les éventuelles répercussions de ce vote. De nombreuses incertitudes persistent, tout autant que les doutes sur les conséquences du Brexit pour les étudiants en échange au Royaume-Uni.
Envisager un autre pays
C’est bien dommage car après 16 ans ici je pense qu’il est temps de penser à une autre destination. J’avais choisi l’Angleterre pour son ouverture d’esprit et son esprit avant-gardiste. Elle a perdu cet état d’esprit. D’un autre côté, elle m’a été généreuse : j’ai été sélectionnée dans The Great British Sewing Bee. Je suis donc encore très indécise et j’observe mais le climat change, c’est sûr. Londres restera avant-gardiste mais la séparation avec le reste de l’Angleterre aura un prix, certainement au niveau social. Pour les Antillais au Royaume-Uni qui ont famille et business ici c’est encore plus délicat.
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Brexit : la bonne décision
J’ai observé les comportements des Anglais en restant à distance de la campagne du Brexit. Malgré la surprise générale, je crois qu’ils ne supportaient plus une “Europe bancale” si l’on peut s’exprimer ainsi. Beaucoup sont très conservateurs, ce n’est pas pour rien qu’ils ont gardé la livre Sterling. L’impact a eut un côté positif pour moi car je suis payée en euros et le taux de change des années précédentes n’avait pas joué en ma faveur. Aujourd’hui le taux est différent quasiment tous les jours ! Les échanges commerciaux et le business ont pris un coup dur par rapport à ces fluctuations. Mais au delà de ça, l’économie va se stabiliser et la sortie de l’UE va au contraire la renforcer. La livre Sterling est une monnaie forte et bien que la crise de 2008 soit passée par là, elle a retrouvé de sa valeur. J’ai l’intime conviction qu’ils ont fait le bon choix.
Clémence, commerciale en télécommunications à Harrogate.
Une surprise sans réelles conséquences
J’étais choquée par les résultats du referendum. Mes amis, voisins et collègues anglais et français étaient tous surpris voire en colère car la défiance vis à vis de l’ Europe ne vient que d’une partie de la population qui ne s’est pas rendue compte des conséquences et a voté “Leave” pour les mauvaises raisons. Je ne suis pas inquiète quant à ma situation au UK. Il faudra des années avant les vrais changements, s’il y en a. Pour le moment, j’y reste ! Le Brexit me fait plutôt peur pour le reste de l’Europe et la montée des votes contestataires dans d’autres pays y compris la France.
Elodie, responsable ressources humaines à Londres
Un signal d’alarme à Bruxelles
Le Brexit s’est fait dans une telle confusion que je ne suis pas certain que les Britanniques en mesurent toutes les conséquences. Je crois qu’ils ont fait l’objet d’une manipulation politique qui commence juste à poindre. Cela ne changera pas grand chose pour les antillais au Royaume-Uni. Certains sont installés ici depuis des dizaines d’années, ils payent les impôts et participent au développement du pays. Ce qui est choquant en ce moment, c’est la montée du nationalisme avec des incidents racistes. Cependant toute l’Europe à son lot de nationalisme primaire alimenté par un sentiment d’insécurité que les guerres ailleurs ramènent sur le territoire. J’espère que les autres gouvernements d’Europe en tiendront compte, car en fait qu’est ce que le Brexit sinon un signal d’alarme à la bureaucratie rigide de Bruxelles ?
Dominique, CEO de Pluton Magazine à Londres.
Une hausse des propos racistes
Le Brexit a choqué beaucoup de personnes notamment ceux qui sont expatriés ici. A Londres, une grande partie de la population est issue de l’immigration. Cette décision a été prise par une majorité de personnes qui vivent en périphérie des grandes villes. Elles sont malheureusement influencées par ce qu’elles voient dans les médias lorsque l’on accuse les étrangers de toutes sortes de choses négatives. Il est encore tôt pour évoquer les conséquences mais beaucoup de personnes expliquent que les propos racistes ont augmenté à leur égard depuis le vote du Brexit. C’est à croire que certains n’attendaient que cela pour montrer leur vrai visage…
Sébastien, modèle à Londres
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Le Brexit à quelles conditions ?
La victoire du “Leave” a surtout été une grande surprise voire un choc pour certains. Les Britanniques, les Londoniens et surtout les entreprises avaient misé sur le “Remain”. Ce résultat n’a fait qu’augmenter la frilosité déjà présente depuis le mois de mai. La campagne menée par les partisans de la sortie de l’Europe et les démissions successives des leaders des partis anti-Europe dès l’annonce des résultats ont ajouté énormément de confusion à tout cela. Ces jours-ci nous sommes surtout dans l’attente des propositions de l’Europe au Royaume-Uni, si vraiment Brexit il y aura.
David, Marketing strategist à Londres
Savoir s’adapter
Le message profond du vote britannique, qui aurait tout aussi bien pu être un vote français, sera probablement occulté. Le Royaume-Uni a vu naître la démocratie parlementaire. En votant pour le Brexit, les britanniques ont voulu empêcher l’étouffement de cette démocratie par l’impérialisme de la bureaucratie bruxelloise. En tant qu’entrepreneure à Londres, mon avis est partagé. L’intérêt à s’unir dans un monde en pleine tourmente est très important pour moi. Comme dit le dicton “l’union fait la force”. Mais une “doctrine européenne” qui nous étouffe petit à petit devient aussi insupportable et inquiétante pour l’avenir. En conclusion, comme dirait Dominique Glocheux, auteur du roman “la vie en rose, mode d’emploi” : “rien n’est permanent, le changement est inévitable alors accueillez-le avec bienveillance et sérénité !”
Carole, gérante de Crêperie Guadeloupe à Londres
Une scission entre Londres et le reste du Royaume-Uni
J’ai pour projet de demander la double nationalité depuis longtemps. Cela n’a rien à voir avec le Brexit. Simplement, dans ce monde où les frontières sont plus ou moins perméables au gré du vent ou des époques, nous n’auront jamais assez de ces précieux sésames que sont les passeports. Certains de mes amis se grattent la tête, mais après presque 11 ans ici, je n’ai vraiment pas peur d’être expulsé. J’ai pris le temps d’analyser les résultats et le Brexit a surtout montré à quel point le pays est divisé. J’ai toujours fait la promotion de Londres auprès de mes amis. Je me rends maintenant compte que je n’ai jamais fait l’éloge du Royaume-Uni mais de sa capitale uniquement. Avec sa majorité de votes pour rester dans l’UE, Londres a marqué un peu plus son multiculturalisme mais aussi sa totale déconnexion avec le reste du pays.
Dimitri, chef de projet guyanais à l’Ile de Man.
Quid de la mobilité étudiante et des programmes comme Erasmus + ?
Dans un communiqué diffusé le 7 juillet, l’agence Erasmus précise que “les étudiants européens pourront continuer de profiter de l’exemption des droits d’inscription lorsqu’ils partiront étudier au sein d’un établissement d’enseignement supérieur britannique”. L’agence rappelle également que le programme Erasmus + s’étend à plusieurs pays ne faisant pas partie de l’U.E : Macédoine, ancienne République Yougoslave, Turquie, Islande, Liechtenstein, Norvège.
Par ailleurs, si le résultat du référendum de juin dernier n’a pas de conséquences immédiates pour les étudiants à partir de septembre 2016, cela changera certainement par la suite. Le Royaume-Uni détaché de l’Europe, les étudiants anglais poursuivant leur cursus en France et les étudiants français vivant au Royaume-Uni deviendraient de fait des “étudiants internationaux” dans chacun des deux pays avec des impacts potentiels sur la mobilité étudiante (ex : les demandes de visa, les frais universitaires élevés, la reconnaissance des diplômes etc…).
Sources complémentaires : Nouvelobs.com, communiqué de l’agence Erasmus du 7 juillet 2016, letudiant.fr
Rédaction : Doris Nol pour Caribexpat.com